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LE COURRIER DU PARLEMENT EUROPÉEN
« Maubeuge »
RÉDACTION GÉNÉRALE : Un entretien avec Daniel Barbarossa
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« Mettons en valeur les racines du futur »
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Entre mémoire de l’industrie et mise en valeur du patrimoine naturel et militaire, le tourisme maubeugeois s’attend à des lendemains qui chantent.
Un entretien avec Daniel Barbarossa,
Conseiller délégué au développement touristique
Quel sont les principaux atouts touristiques de l’Agglomération ?
Maubeuge est une ville Lurçat, du nom de l’architecte chargé du plan de reconstruction en 1945, mais avant tout une ville Vauban, puisqu’elle abrite les fortifications de l’ingénieur militaire. Le zoo, qui se trouve à l’intérieur des remparts, deviendra le Parc de la biodiversité et prendra une toute autre dimension au cours des dix prochaines années. Le rapport nature/industrie est une des caractéristiques essentielles de la région : l’industrie a marqué les paysages, ces derniers s’étant réapproprié les friches industrielles. Cela crée, dans une aire géographique globalement verte et bocagère, la particularité de la vallée de la Sambre. Le regard extérieur est attiré par certaines maisons complètement métalliques, devenues une curiosité architecturale, les corons ouvriers ou encore des friches industrielles énigmatiques, comme le dispatching à Louvroil. A première vue, ce dernier ressemble plus à un ovni planté dans le sol qu’à un ancien répartiteur de minerais ! L’Art déco, représentant tout un pan de notre offre touristique, est raccordé au travail mené sur la mémoire industrielle, qu’elle soit verrière, sidérurgique, cheminote ou métallurgique. A titre d’exemple, le musée du verre, situé aux abords de l’Agglomération, est en train de devenir un espace de création à part entière.
Comment accélérer le développement du tourisme fluvial ?
Nous avons mis en place beaucoup d’aménagements au sujet de la Sambre, notamment sur la préservation de la biodiversité et la protection des berges, en intégrant la véloroute sur les voies de halage. L’Agglomération se trouve au carrefour de la voie Euro3 Paris-Moscou et dispose d’un relais Eco-vélo labellisé Gîtes de France. Raccordé au Ravel belge, ce schéma global offre des boucles extrêmement intéressantes, peaufinées dans le Parcours Sambre. Ce programme interrégional et transfrontalier vise à développer les capacités d’hébergement, de commercialisation, d’ingénierie et de mise en valeur touristique, autour de l’unité de la Sambre et de la notion d’itinérance. Des jeux interactifs, proposés en partenariat avec les acteurs locaux, mettront en scène ces parcours. L’outil informatique permet aux utilisateurs de télécharger des circuits ou des informations. Une étude a montré que la remise en navigation touristique de la Sambre prendra du temps. S’il s’agit d’un dossier très complexe, il aboutira certainement ; y penser dès maintenant est donc loin d’être inutile. Nous travaillons ainsi d’arrache-pied afin de proposer le meilleur service possible lorsque la remise en navigation de la Sambre sera achevée.
Quelle vision à long terme proposez-vous ?
L’équipe en place a lancé une étude sur la définition d’une stratégie touristique, de manière à proposer des fiches quasiment opérationnelles pour les prochains élus. Il faudra par exemple travailler l’articulation entre le zoo et l’ensemble de l’arrière-pays, faire en sorte que le Parc de la biodiversité devienne une porte d’entrée du tourisme dans toute l’Agglomération. Nous espérons qu’au moins une fraction des 500 000 visiteurs attendus poursuivent la découverte de la région ou reviennent explorer les véloroutes, la biodiversité et le patrimoine militaire. À Feignies, le fort de Leveau, réhabilité par des bénévoles de façon magistrale, rappelle que la ceinture fortifiée s’étend au-delà de Maubeuge. Un partenariat avec la CCI permet de mieux qualifier l’offre touristique. Face au manque de personnel parlant le néerlandais, il faut s’engager dans la voie de la formation. Nous habitons une Agglomération confortable, qui offre un cadre de vie agréable au cœur d’un environnement magnifique. Il importe désormais de cultiver le rapport industrie/nature et de mettre en valeur les racines du futur.v
Propos recueillis par Olivier Gil